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Anarchie dans le marché du CD en Algérie

samedi 23 avril 2005, par Stanislas

En l’absence d’une légilastion dissuasive, le marché du CD en Algérie est désormais dominé par les produits piratés.

En effet, la commercialisation massive et néanmoins sauvage de CD interactifs a maintes fois suscité des questionnements chez le plus simple des citoyens. Si pour les logiciels, la gravure (copie conforme) semble être le procédé d’exploitation le plus évident, beaucoup de citoyens ignorent les dessous de la commercialisation de CD interactifs, effectuée par de petits commerçants à la sauvette. Ces CD aux thèmes variés sont en majorité des CD de musique compressée (MP3) avec le plus souvent des clips occidentaux, parfois orientaux afin d’attirer l’attention d’une clientèle, de plus en plus alléchée par les titres provocateurs tels que Danse indienne, Danse avec de belles Libanaises, Danse indienne au rythme du raï... La recette évidente de ce petit commerce florissant a investi dans le voyeurisme.

Ajouter à cela la présence massive de films indiens et parfois même de films érotiques. Bien sûr, les jaquettes confectionnées dans on ne sait quel laboratoire (équipé en tout cas d’un bon matériel informatique) ne laissent personne indifférent, tant certaines images sont provocatrices. Ce commerce connaît donc actuellement un franc succès surtout aux alentours de petits marchés mal fréquentés et à l’abri des regards des agents de l’ordre, tels Rahbat El Djemel, le Remblais (le fameux marché aux puces), les souterrains et bien d’autres endroits discrets. La fabrication des CD en question n’est finalement pas aussi difficile qu’on le pense. Il existe actuellement tout un arsenal informatique et électronique relativement abordable qui permet à tout un chacun de confectionner ce genre de CD. Il suffit donc d’un démodulateur numérique comportant une sortie USB, d’un micro-ordinateur et ce qu’on appelle une carte d’acquisition avec le logiciel qui va avec. Cette carte, qui reste la pièce maîtresse de ce dispositif, permet de transférer les images de la télé (paraboles) au PC. Elle est disponible chez certains commerçants à des prix variants entre 14 000 et 35 000 DA l’unité, selon les options qui vont avec. Une fois ces images (clips, documentaires, films, prêches...) transférées (séquences vidéo), elles sont tout simplement traitées avec le logiciel fourni avec la carte et peuvent être arrangées selon la convenance (suppression du sigle d’une chaîne musicale, ajout de quelques phrases...). Le CD vierge utilisé est payé à 20 DA chez les grossistes pour 1000 pièces achetées.

Le produit final est cédé dans les marchés officieux à 50 ou 60 DA. Les films, quant à eux (double CD), sont cédés à 80 DA. L’apparition aussi de CD portant sur des documentaires sur les Tchétchènes et leurs opérations commandos suivent le même procédé, même si pour ce cas, les images sont téléchargées depuis Internet et gravées sur un CD. Il en est ainsi des documentaires, des films de toutes natures, mais aussi des logiciels. Certains exploitent des CD portant des démonstrations de logiciel (CD démo) et en font des copies conformes pour les vendre comme étant une version finale du logiciel, alors que ce n’est qu’une démonstration. Ce commerce est devenu l’eldorado des jeunes Constantinois ; les CD gravés se vendent comme des petits pains, en l’absence d’une quelconque mesure dissuasive.

Par Lamine Benzaoui, elwatan.com