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Algérie : pays riche, population pauvre

jeudi 6 mai 2004, par nassim

Le fait n’a jamais cessé de faire jaser dans les chaumières en Algérie : alors que l’argent continue à couler à flots dans les caisses de l’État, des pans entiers de la société sont réduits à des conditions de vie extrêmement difficiles.

Et il ne se passe plus aujourd’hui un jour sans qu’une bourgade reculée de l’Algérie profonde, un euphémisme “réducteur” s’il en est, n’exprime “bruyamment” son mal. Autrement dit, un pays qui baigne dans une aisance financière jamais connue depuis bien longtemps et, en face, une population pauvre. Le paradoxe est tellement saisissant que l’on sacrifie inévitablement à l’interrogation de savoir comment les deniers publics sont-ils gérés.

Où va finalement l’argent du pétrole ? Même si officiellement l’on s’évertue à avancer des explications, la gestion opaque et l’absence de transparence alimentent souvent les suspicions et les polémiques. En guise d’arguments de la “bonne santé” économique du pays, on se suffit d’exhiber les indicateurs macroéconomiques et accessoirement quelques réalisations, mais sans conséquences notables sur le vécu quotidien des Algériens. Avec des réserves de change de 33 milliards de dollars - un fonds de régulation de près de 9 milliards même si celui-ci joue le rôle de “soupape” de sécurité en cas de crise - et un baril de pétrole, source de revenus, toujours florissant, l’Algérien ne finit toujours pas de s’interroger sur l’absence de décollage économique et, par ricochet, de développement social. Rien qu’en quelques années, quelque 7 milliards de dollars ont été engloutis dans le programme dit de relance économique et l’on s’apprête à allouer une autre rallonge sans que l’on perçoive une amélioration notable dans le mode de vie des Algériens.

S’il est vrai que beaucoup de choses ont été réalisées, elles restent, en revanche, de loin insuffisantes pour pouvoir parler de l’amélioration de la situation de larges couches de la société. La crise du logement est omniprésente, un chômage toujours galopant et un pouvoir d’achat érodé. Comment expliquer alors ce “déphasage” ? À vrai dire, pour de nombreux économistes, l’argent dépensé ne se traduit pas en investissement, synonyme de création d’emplois et donc de richesses. En d’autres termes, il y a comme une mauvaise gestion des ressources financières du pays.

Un état de fait qu’on ne peut valablement dissocier de l’incompétence. Mais il n’y a pas uniquement que ces tares. Il y a aussi, comme l’accrédite la vox populi, ces “circuits parallèles”, des lobbies rompus dans la corruption qui gangrènent certaines sphères économiques et qui usent et abusent des deniers publics. D’où, sans doute, aujourd’hui cet étrange paradoxe d’un pays, envié par ailleurs, qui croule sous des milliards de dollars mais dont la population ne rêve que de contrées... plus clémentes.

source : Liberté