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Algérie : « Bouteflika use de la fraude »

Les adversaires du Président alertent

dimanche 14 mars 2004, par Hassiba

A une semaine de l’ouverture de la campagne électorale, les candidats en lice, qui multiplient leurs interventions, lancent un véritable SOS sur le danger que représente le Président-candidat, dont les pratiques frauduleuses sont vigoureusement dénoncées à mesure que se rapproche l’échéance du 8 avril.

Le candidat Ali Benflis est allé crescendo dans ses attaques contre Bouteflika à l’origine de la manipulation de l’Administration et de la justice instrumentalisées pour faire de son parti un appareil d’allégeance au Président.

Jeudi dernier, son meeting tenu à Alger a donné le la à une campagne résolument anti-Bouteflika : « Ce n’est pas un vu et encore moins une vue de l’esprit : le Président-candidat n’est pas gagnant et ne passera pas Maintenant si on ose détourner une voix de nos électeurs, nous allons faire trembler l’Algérie et il n’y aura ni stabilité ni développement si le résultat de la prochaine élection présidentielle s’avère le fruit de la fraude On sera de la contestation jusqu’à ce que la volonté populaire soit respectée. » C’est la première fois sans doute que Benflis en appelle, pour barrer la route au Président-candidat, à la mobilisation populaire. Car, a-t-il martelé, « le candidat vilipendé de partout n’a d’autres voies pour arracher un second mandat que la manipulation et les pratiques frauduleuses sur les institutions de l’Etat »,

« L’équipe dirigeante comptait et compte toujours mettre en pratique les mesures antinationales concernant la vente des richesses du pays ». Il s’est même permis de changer de ton en s’adressant directement à Bouteflika par ces phrases lapidaires : « Ce n’est pas ta propriété privée pour que tu en disposes comme tu veux. Ce sont des richesses récupérées par la force des armes par ce peuple que tu méprises. Un peuple qui est tout aussi disposé à les reprendre de la même manière. »

Le candidat, dont le 8e congrès du parti a fait l’objet de toutes les magouilles et complots inédits dans les murs politiques algériennes, n’hésite pas à qualifier le clan présidentiel de « maffia »,
d’« Etat pourri », qu’il ne conçoit donc pas qu’une présidentielle pourrait compter un candidat de la fraude décidé à faire taire toute voix discordante, quitte à tuer les journaux de la presse indépendante qui refusent de lui prêter allégeance et en faisant des médias lourds la tribune démagogique et trompeuse de pseudo-bilans et de fictifs bains de foule par la censure politique des émeutes qui ont marqué ses visites. Pour le président du RCD, Saïd Sadi : « Le Président met l’Algérie en danger. » Dès l’annonce officielle des résultats du conseil constitutionnel, le responsable du RCD n’a pas hésité à déclarer que « si Bouteflika brigue un second mandat, c’est le pays qui en pâtira ».

Affirmant que « le locataire d’El Mouradia est un facteur de déstabilisation et un danger pour l’unité nationale. Il n’en veut pour preuve que l’asservissement de l’Administration en cette précampagne électorale, l’instrumentalisation de la justice comme moyen d’humiliation et de répression contre les Algériens, mais surtout la peur entretenue par la mainmise sur tous les leviers de l’Etat pour assurer une fraude en faveur de Bouteflika. La candidate Louisa Hanoune vient, à son tour, de lancer ce cri de détresse qui rappelle le slogan de Boudiaf, cette fois-ci appliqué à Bouteflika « Il faut sauver l’Algérie ! » Ces voix de campagne ont été précédées par les personnalités politiques qui ont tôt fait d’abandonner la course à la présidentielle en déclarant que la fraude avait déjà commencé devant l’ampleur des dégâts occasionnés par le Président-candidat sur les institutions et le gouvernement dont ils ont demandé le départ comme l’un des critères de la transparence des urnes.

Une chose est sûre : c’est la première fois que les candidats en lice sont prêts, eux-mêmes, à brûler les urnes avant terme si Bouteflika persiste dans le détournement des institutions de la République pour arracher par la force un second mandat.

R. Mokhtari, Le Matin