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580 000 logements sociaux seront vendus
mardi 27 juillet 2004, par
“Le président de la République et le gouvernement ont décidé de mettre en vente les 580 000 logements sociaux ainsi que les locaux commerciaux”, souligne le ministre des Finances.
250 milliards de dinars sont attendus de cette opération qui pourrait s’étaler sur cinq années. Il est question de la cession “du patrimoine foncier de l’État”. “Combien d’hectares, les conditions et la forme doivent être discutées, mais nous devons valoriser ce patrimoine”, précise Benachenhou en abordant le volet de l’amélioration des revenus de l’État et la stratégie financière à moyenne terme que le gouvernement compte mettre en œuvre.
Pour le ministre des Finances, l’amélioration des revenus de l’État est un impératif. Cette amélioration résulte d’un constat simple : la fiscalité pétrolière occupe une place trop importante au sein des revenus de l’État. “Un état sérieux ne peut marcher sur une seule jambe”, ironise Benachenhou. Cette amélioration passe par la réorganisation de l’administration fiscale “qui doit se mettre face à son marché, un marché de contribuables et de façon efficace”. Elle passe aussi par la maîtrise du secteur informel.
Le ministre des Finances souligne, dans ses propos, le mot “maîtrise et non pas la lutte contre le secteur informel”. Il se dit n’être pas de “ceux qui croient qu’il faut tout de suite se mettre en position de combat”. Sur ce point, le ministre des Finances souhaite responsabiliser toutes les institutions.
Un programme sera présenté incessamment devant le gouvernement. Le ministre des Finances annonce, dans son allocution, la décision du gouvernement de mettre “progressivement mais fermement” un terme à la politique d‘exonération fiscale pratiquée jusque-là. Benachenhou affirme que l’État accorde entre 60 à 70 milliards de dinars en exonérations fiscales.
L’État se désengage progressivement du logement social
En matière de dépenses, quatre lignes d’action sont arrêtées par le gouvernement, sur propositions du ministère des Finances. La première ligne d’action est que l’État, de l’avis de Benachenhou, “doit cesser de dépenser là où le marché peut le faire à sa place”. Le ministre des Finances estime que “l’État ne peut plus continuer à dépenser de façon aveugle en matière de financement de logements”.
Du coup, le gouvernement a décidé de réduire la part du logement social dans la politique globale de logements en Algérie. Le gouvernement sera surtout attentif à la répartition territoriale. C’est le cas aussi du financement des grandes infrastructures économiques. Pour l’autoroute par exemple, Benachenhou parle de trois tronçons Ouest, Centre et Est. Si le tronçon Centre sera probablement achevé sur ressources publiques, les deux autres, en revanche, seront financés sur fonds privés.
Des discussions, sur les financements et les tarifs, ont été entamées avec certains pays. En tout état de cause, elle sera payante. Elle sera mise en gestion privée. La raison évoquée par le ministre et qu’un kilomètre d’autoroute coûte en Algérie entre 3 millions de dollars à 10 millions de dollars. Le gouvernement envisage même la création des entités de gestion autoroutière par tronçon. La deuxième ligne d’action du gouvernement se focalisera sur la politique salariale publique, c’est-à-dire les revenus des fonctionnaires. En 2004, nous dit le ministre, la masse salariale publique représente 600 milliards de dinars, soit 50% du budget de fonctionnement de l’État (1 200 milliards de dinars). “Nous ne pouvons plus continuer à avoir une politique salariale publique qui évolue aussi rapidement. Il faut revenir à la raison”, constate Benachenhou.
Le ministre précise qu’“il n’y aura pas de gel de politique salariale mais entre le gel et la dérive il y a le juste milieu auquel le gouvernement va s’attacher”. La troisième ligne d’action évoquée par le ministre est l’indexation de certains revenus sur le Snmg. Ces revenus suivent la hausse du Snmg. “Le gouvernement va ouvrir le dossier”, souligne le ministre. Quatrième et dernière ligne d’action, le gouvernement souhaite un rééquilibrage entre les dépenses sociales et l’action économique. “Nous sommes dans un pays où l’action sociale de l’État est infiniment plus importante que l’action économique”, précise le ministre des Finances.
Pour illustrer cette différence, Benachenhou affirme que chaque fois que l’État dépense cinq dinars pour l’action sociale, il dépense un dinar pour l’action économique. L’idée est de soutenir davantage l’investissement et la production, pas seulement la consommation.
Par Meziane Rabhi, Liberté