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57 ème édition du festival de Cannes

mercredi 12 mai 2004, par nassim

C’est un temps d’incertitude qui règne à la veille de l’ouverture du 57e Festival de Cannes.

Le spectacle du chaos règne sur la Croisette. Et si les intermittents du spectre voulaient semer le désordre ? On ne sait pas encore leur véritable intention. Au Festival, on croise les doigts et on travaille d’arrache-pied en ces ultimes heures qui précèdent la séance d’ouverture. Tout est fin prêt. Les copies des films sont bien parvenues à la Croisette.

Almodovar fera, comme prévu, l’ouverture avec La Mala éducacion, film qui triomphe déjà sur les écrans d’Espagne et que les autorités religieuses ont vainement tenté d’interdire. Faisant un rapide saut de la rue Champollion du Caire à Cannes, Youssef Chahine montre son dernier film New York-Alexandrie (Un Certain regard), suivi hors compétition aussi de Yousry Nassrallah, auteur de La Porte du soleil. Deux films égyptiens en tout et pour tout concernant la section officielle. Symbolique aussi la présence de Sembène Osmane (Moolaadé), comme pour signifier le grand vide du cinéma africain (on avait cru trop hâtivement à la fin de sa lassitude). A propos de Chahine, c’est évidemment lui qui aura les gros plans des médias. Godard a envoyé un gros chèque en euros aux artistes contestataires. Chahine qui n’a pas sa langue dans sa poche ne manquera pas de dire la cruauté que la société réserve aux artistes de tous bords, de tous pays. L’Alexandrin au franc-parler étourdissant en a aussi sur la « patate » concernant le mépris profond des gouvernements arabes pour la culture en général et pour le cinéma en particulier. 25 ministres européens de la Culture sont attendus à Cannes. Ils entendront aussi la bordée de bois vert chahinienne qui n’est pas tendre non plus avec l’Europe ni, surtout, avec l’Amérique de Bush. Chahine on le connaît, ne décolère jamais contre l’Amérique, contre les ministres bornés (surtout ceux de la Culture), contre les intégristes stupides.

A la Croisette, on attend tous ses coups de gueule, comme ceux de Michael Moore qui a décidé de brûler définitivement la famille de Bush avec son pamphlet Farenheit 911 (en compétition) où il montre les liens du président américain avec la famille Ben Laden d’Arabie Sadoudite. Ce film avant même sa sortie aux Etats-Unis fait déjà des tempêtes. La tentation est grande pour Disney et Miramax, qui ont pourtant fourni les moyens de sa production à Michael Moore, de l’interdire. Dans la charrette des officiels qui vont parader à la montée des marches, il y aura une grande exception, un oiseau rare qui va surgir de la chaleur torride de Salvador de Bahia : le féérique et fabuleux musicien et chanteur Gilberto Gil et néanmoins ministre de la Culture de Lula da Silva (Brésil). Gilberto Gil ne manquera pas à ses devoirs ministériels sur La Croisette puisqu’il vient avec une délégation d’éminents cinéastes, Cariocas Carlos Diéguès, Nelson Peireira Dos Santos entre autres, pour l’hommage du Festival de Cannes au « cinéma novo ». A la salle Bunel, présentation du mythique Le Dieu Noir et le Diabe Blond, de Glauber Rocha, réalisé il y a 40 ans, en 1964.

Riche programme
Le programme comporte aussi Dona Flor, Vidas Secas, Bye Bye Brésil, Terre en transes, Macunaïma. Adapté du journal de voyage de Che Guevara, Diarios de motociclata, de Walter Salles, autre cinéaste brésilien, fait partie de la compétition. Abbas Kiarostami, cinéaste phare de l’Iran, a aussi sa place (double) cette année à Cannes, avec deux films Five et 10 on Ten, tous deux hors concours. D’Asie, qui a une production cinématographique un degré au-dessus des autres, le festival a inscrit au moins deux prestigieure éalisateurs en compétition : Wong Kar-Wai (Hong Kong) et A. Weerathakul (Thaïlande). Bref, tous ces films vont faire l’affaire des 4000 journalistes, présents autant qu’aux prochains Jeux d’Athènes. Si la paix règne sur La Croisette, on pourra alors croiser la belle Emmanuelle Béart heureuse de devoir se hâter de rejoindre les autres membres du jury dont elle fait partie au moment où la séance commence.

Par Azzedine Mabrouki, El Watan