Tu seras un élu, mon fils
Si tu peux sans amour faire semblant d’aimer ;
Si tu sais courtiser beaucoup plus que chérir,
Aduler aujourd’hui et demain renier,
Sans vergogne et sans repentir ;
Si tu peux détruire l’ouvrage de toute la vie
D’un malheureux inconnu qui ne t’a rien fait,
Pour quelques sous en plus, ou par simple envie,
Et partir, fier de ton forfait ;
Si malgré tes péchés, tu seras le premier
A jeter la pierre à l’innocent par terre ;
Si tu peux dénigrer, diffamer, calomnier
Le bon, le sage, le juste, l’austère ;
Si tu sais flatter les rois et jouer le fou ;
Pour une miette de pain ou un os à ronger
Si tu peux à la fois manger avec le loup
Et pleurer avec le berger ;
Si tu es sans pitié, si tu es sans pardon ;
Si tu peux exiger pour laver un affront
Deux yeux pour un œil, une mâchoire pour une dent
Et que le sang coule à torrent ;
Si tu es machiavel plutôt que Don Quichotte ;
Si l’honneur et l’amitié ne sont que mots vains ;
Si tu hais l’érudit et admire le despote,
La brute, l’injuste et l’inhumain;
Si tu es faux, si tu es fourbe, si tu es lâche
Le sourire aux lèvres, le poignard à la main ;
Et si le fiel et le poison que tu craches
Couvrent les pas de ton chemin ;
Alors les hypocrites, les sots et les traitres
Seront à tout jamais soumis à tes vices ;
Et ce qui vaut bien mieux que les sots et les traitres
Tu seras un élu, mon fils.
(Origine : "IF" de Rudyard Kipling)
Si tu peux sans amour faire semblant d’aimer ;
Si tu sais courtiser beaucoup plus que chérir,
Aduler aujourd’hui et demain renier,
Sans vergogne et sans repentir ;
Si tu peux détruire l’ouvrage de toute la vie
D’un malheureux inconnu qui ne t’a rien fait,
Pour quelques sous en plus, ou par simple envie,
Et partir, fier de ton forfait ;
Si malgré tes péchés, tu seras le premier
A jeter la pierre à l’innocent par terre ;
Si tu peux dénigrer, diffamer, calomnier
Le bon, le sage, le juste, l’austère ;
Si tu sais flatter les rois et jouer le fou ;
Pour une miette de pain ou un os à ronger
Si tu peux à la fois manger avec le loup
Et pleurer avec le berger ;
Si tu es sans pitié, si tu es sans pardon ;
Si tu peux exiger pour laver un affront
Deux yeux pour un œil, une mâchoire pour une dent
Et que le sang coule à torrent ;
Si tu es machiavel plutôt que Don Quichotte ;
Si l’honneur et l’amitié ne sont que mots vains ;
Si tu hais l’érudit et admire le despote,
La brute, l’injuste et l’inhumain;
Si tu es faux, si tu es fourbe, si tu es lâche
Le sourire aux lèvres, le poignard à la main ;
Et si le fiel et le poison que tu craches
Couvrent les pas de ton chemin ;
Alors les hypocrites, les sots et les traitres
Seront à tout jamais soumis à tes vices ;
Et ce qui vaut bien mieux que les sots et les traitres
Tu seras un élu, mon fils.
(Origine : "IF" de Rudyard Kipling)
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